En cette fête des mères 2021, laissez-moi vous parler du film chinois Hi, Mom, un bijou signé Jia Ling qui rend hommage à sa mère.
Hi, Mom : son succès en chiffres
Hi, Mom est un film chinois sorti en salles le 12 février 2021 pour le nouvel an chinois. D’une durée de 128 minutes, le film finit par enregistrer 825 millions de dollars au box-office chinois, faisant de lui le film de 2021 aux revenus les plus importants. Pour le moment ? Peut-être, puisque certains blockbusters hollywoodiens sont encore attendus pour cette année 2021 qui n’en est même pas encore à sa moitié. De plus, la situation sanitaire dans laquelle nous nous trouvons depuis maintenant bien des mois joue probablement sur certains chiffres.
Néanmoins, il est indéniable que Hi, Mom se hisse aujourd’hui à la deuxième place du podium des films non-anglophones les plus rentables de tout temps, dépassant Detective Chinatown 3 (2021) et en se positionnant juste derrière Wolf Warrior 2 (2017). Le film devient ainsi le deuxième plus gros succès de l’histoire du box-office chinois, sans être lui-même une suite d’un film déjà connu ! Pour l’anecdote, le succès du film est tel que sa diffusion en salles obscures se prolonge jusqu’au 11 avril alors qu’elle aurait dû prendre fin le 15 mars.
Enfin, en dépassant les 821 millions de dollars de Wonder Woman réalisé par Patty Jenkins, Hi, Mom devient également le film ayant engrangé le plus de recette par une réalisatrice en solo. Je dirais que c’est un carton plein !
Une pépite signée Jia Ling
La comédienne Jia Ling présente Hi, Mom une première fois sous forme de sketch en 2016 pour la saison 1 de Comedy General Mobilization. Après trois ans passés à retravailler et adapter le script, elle tourne Hi, Mom en 2019 à Xianyang, Hubei, sa ville natale. Il s’agit du premier long-métrage de Jia Ling qui endosse alors une triple casquette de co-scénariste, réalisatrice et actrice principale.
À la fois comédie burlesque et mélodrame, Hi, Mom met en scène Jia Xiao Ling, une jeune fille qui aimerait devenir la fierté de sa mère Li Huan Ying. Cette dernière finit hélas par se retrouver sur un lit d’hôpital. Xiao Ling, endeuillée, se retrouve alors transportée dans le passé, avant sa naissance, en 1981, où elle tombe sur une version bien plus jeune de sa mère. Elle décide alors de saisir cette chance pour rendre sa mère plus heureuse, peut-être même au détriment du futur tel qu’elle le connaît.
À travers ce film, Jia Ling rend hommage à sa mère, qu’elle a perdue en 2001 à ses 19 ans. Ainsi, les prénoms des personnages ne sont pas choisis au hasard et reprennent les véritables prénoms de Jia Ling et de ses parents. À l’aide du voyage temporel, l’artiste se met en scène dans le passé de sa mère et y incorpore leurs expériences personnelles. Dans ce film, elle y verse son regret de ne pas avoir pu voir sa mère une dernière fois, mais espère surtout que le public gardera en mémoire l’énergie et l’optimisme qu’elle a voulu transmettre.
Alors oui, la trame de base n’est pas inconnue au public et peut rappeler Retour vers le futur, ou encore le drama chinois I Don’t Want To Be Friends With You (2020) ou même le drama taiwanais Back to 1989 (2016) qui s’aventure sur la relation entre un fils et sa mère. Cela dit, Hi, Mom soulève une question toujours aussi émouvante : que dirions-nous si nous avions l’occasion de rencontrer nos mères avant même notre naissance ?
Pourtant, au-delà du thème évident qu’est l’amour d’une fille pour sa mère, Hi, Mom est un film qui s’avère en fin de compte plus que parsemé de l’amour d’une mère pour sa fille. À vous de découvrir de quelle manière ! En tout cas, le film a fait pleurer les téléspectateurs chinois. Pour l’anecdote, ce fut d’autant plus difficile que nombreux furent ceux qui ne purent rentrer célébrer le Nouvel An chinois avec leurs proches à cause des déplacements restreints entre provinces pour cause de pandémie. En tout cas, même hors contexte et dans mon petit cocon, j’ai moi-même fini en larmes.
« L’amour de notre mère ressemble à l’air qui nous entoure. Il est présent dès notre naissance, mais nous n’y prêtons pas attention. Cependant, lorsque nous le perdons, nous nous sentons démunis et avons l’impression de suffoquer. » – Jia Ling
Girl Power
Pour tourner Hi, Mom, Jia Ling invite les membres du sketch original, ainsi que le comédien Shen Teng. Cependant, ne vous fiez pas à l’affiche : si nous y voyons Shen Teng et Michael Chen et qu’ils apportent bien leur pierre à l’édifice du rire, les vedettes de Hi, Mom sont incontestablement Jia Xiao Ling et Li Huan Ying, incarnées avec brio par Jia Ling et Zhang Xiao Fei, deux artistes assurément accomplies.
Pour rappel, Jia Ling devient célèbre en 2012 après sa participation à l’émission Your Face Sounds Familiar et lorsqu’elle crée sa propre agence en 2016, l’actrice et comédienne Zhang Xiao Fei est la première artiste à signer. Ici, elles se glissent donc dans les rôles autobiographiques d’une fille pétillante et déterminée à changer la vie de sa mère pour le meilleur, et d’une jeune femme rayonnante de vie.
J’avoue qu’au premier abord, j’ai trouvé Jia Ling trop âgée pour jouer le rôle d’une adolescente, mais j’en oublie vite ce problème car son personnage est très attachant. Surtout que le duo marche à merveille et que le film jongle splendidement les scènes d’humour et les émotions. Quel plaisir de voir les femmes mises en vedette dans ce film à succès ! D’autant plus que Jia Ling avait par le passé mentionné les difficultés vécues au sein d’une industrie dominée par les hommes.
Maman et femme
J’apprécie également l’idée qu’une maman fut, est et sera une femme. L’idée n’est guère nouvelle, mais nous ne le rappellerons jamais assez : une maman est également sa propre personne, avec ses propres rêves et aspirations. Ainsi, il est très agréable de découvrir le personnage de Li Huan Ying telle qu’elle est et pas seulement à travers les yeux de Jia Xiao Ling.
J’aime beaucoup le fait que Jia Ling l’ait délibérément intégré au titre chinois : 你好, 李焕英 signifie « Bonjour, Li Huan Ying » contrairement au titre international, certes parfaitement localisé mais qui insiste sur l’étiquette de « maman ».
« Je souhaite que les mamans restent toujours elles-mêmes. Chaque femme, avant d’être mère, doit d’abord être elle-même. » – Jia Ling
Un film empli de nostalgie
Vous l’aurez deviné, Hi, Mom invite à la nostalgie avec un retour dans le passé. Une nostalgie émotionnelle, avec le thème de l’amour maternel ainsi que de l’enfance, mais aussi visuelle. En effet, Hi, Mom nous plonge en 1981, alors que le pays connaît les prémices de la réforme économique chinoise, menée à partir de 1978 pour sortir le pays de son extrême pauvreté. Le paysage était tout autre, surtout vu l’incroyable essor que la Chine a connu depuis.
Ainsi, nous assistons à l’arrivée des téléviseurs en noir et blanc, alors que la technologie a depuis bien envahi le quotidien des Chinois. Grâce au travail remarquable du directeur artistique Zhou Hai et du styliste Liu Xiao Li, nous évoluons dans un décor joliment recréé, avec les usines de Xianyang, dans lesquelles le film a vraiment été tourné et qui propose ainsi une authenticité très appréciable. Sans compter les tenues occidentales qui font leur apparition parmi les blouses ouvrières traditionnelles. Un décor pleinement maîtrisé qui nous immerge dans une époque qui paraît bien lointaine aujourd’hui.
Le tout est agrémenté d’une jolie palette colorée à tendance un peu sépia, qui rend mélancolique. Enfin, une jolie bande-son composée de titres qui rappellent les années 80 et 90 (de façon plus ou moins flagrante) accompagne le visionnage. Voici un exemple ci-dessous, mais attention aux spoilers en image :
Le mot de la fin
Hi, Mom est un film authentique et sincère qui remet au goût du jour l’amour entre une mère et sa fille. La touche chinoise est certes très présente avec l’idée de piété filiale, mais le film fait rire et s’avère émouvant. Il n’est pas parfait et il peut même manquer de logique par moments, mais les défauts s’éclipsent face aux émotions partagées.
Vous l’aurez compris : je le recommande chaudement. Visionnez-le jusqu’au bout et n’en ratez pas la chute ! Et si d’aventure vous avez besoin d’un petit remontant après coup, direction les dramas qui mettent de bonne humeur.
Sources : Forbes | The Guardian | Douban | Tiger Pictures Entertainment